Connue pour être la mère de la mini-jupe (bien que ce titre soit disputé), Mary Quant a consacré sa vie à créer des vêtements féminins audacieux, sexy et amusants. Ses collections ont largement contribué à libérer les femmes, causant quelques étranglements chez les conservateurs les plus rigoureux au passage.
Véritable icône des “Swinging Sixties”, Mary Quant s’est éteinte en avril dernier, à l’âge de 93 ans.
Retour sur la vie d’une créatrice passionnée et talentueuse, qui n’a jamais cessé de se réinventer.
De Blackheath au concept store sur King’s Road
Mary Quant est née en février 1930 à Londres, dans le quartier de Blackheath. Elle étudie l’illustration à l’université de Goldsmiths, à Londres également, où elle rencontre son futur époux, Alexander Plunket Greene.
Ensemble ils ouvriront en 1955 l’un des tout premiers concept stores d’Angleterre : le Bazaar. Avec l’aide d’Archie McNair, ami du couple et futur comptable, ils inventent un lieu inédit et audacieux pour l’époque, qui mêle boutique, restaurant et atelier de couture.
Installé sur la célèbre King’s Road, le magasin connaît rapidement un important succès. Les musiciens de jazz qui animent les soirées du restaurant font venir la jeunesse et les artistes de Londres, alors en pleine effervescence.
Au rez-de-chaussée, Mary Quant gère une boutique de bijoux et de chapeaux. Les bijoux sont fabriqués par des artistes locaux et les chapeaux par la créatrice. Rapidement, cette dernière se forme à la création de vêtements et ne tarde pas à proposer, en complément, des pièces colorées et très modernes, qui se distinguent en outre par leurs matières.
Dans les années 60, le Bazaar devient un lieu incontournable de Londres, de même que les créations de Mary Quant. Les artistes, actrices et autres icônes du moment y passent leurs soirées. On y croise Brigitte Bardot, Audrey Hepburn, les Beatles et même les Rolling Stones.
Les vitrines, qui présentent désormais des pièces sexy et provocantes comme la mini-jupe, font rugir les conservateurs en chapeau melon qui passent devant, mais le succès du lieu ne faiblit pas et les créations de Mary Quant sont adoptées partout en Angleterre et dans le monde.
Une approche de la mode qui accompagne le changement des moeurs
Si les collections imaginées par Mary Quant ont connu un tel succès, et continuent de faire parler d’elles, c’est bien parce qu’elles étaient parfaitement dans l’air du temps.
Des vêtements qui libèrent
Avant-gardistes sans être importables, les vêtements et accessoires signés Mary Quant ont offert aux femmes des années 60 la possibilité d’afficher fièrement leur liberté nouvellement acquise.
Jupe courte, imperméable en vinyle, short, robe froncée… Mary Quant a su embrasser le vent de liberté qui soufflait sur les années 60 pour créer une mode nouvelle génération, débarrassée des considérations morales et de bienséance.
Les couleurs pop s’appliquent sur des matières et des coupes inédites, dont une partie est empruntée au vestiaire masculin, ce qui, là encore, ne manque pas de causer quelques étranglements chez les conservateurs.
Un maquillage pop
Dès 1966, Mary Quant se diversifie et crée sa propre ligne de maquillage. Comme toutes ses créations, celle-ci est colorée, audacieuse et suffisamment en avance sur son temps pour créer l’émulation.
Les fards à paupières arborent des coloris pop intenses, les rouges à lèvres sont sexy et les packagings tout aussi remarquables. Le succès est tel que Mary Quant crée en 1971 le “make-up bus”, un bus rouge traditionnel de Londres transformé en salon de maquillage itinérant.
Cet OVNI fashion part à l’assaut de l’Angleterre tout d’abord, puis des routes du monde entier, notamment au Vénézuéla et au Canada. Là encore, le succès est au rendez-vous.
Une mode accessible
Enfin, si les historiens de la mode semblent dire que Mary Quant n’est pas réellement l’inventeuse de la mini-jupe, tous s’accordent à dire qu’elle est bien celle qui l’a popularisée.
Ses créations ont en effet l’immense avantage d’être relativement accessibles comparées à celles des autres grands couturiers de l’époque. De plus, la styliste a également dessiné plusieurs collections pour l’immense chaîne de magasins JC Penney, une institution outre Manche.
L’accessibilité de la mode signée Mary Quant fait d’ailleurs partie des éléments mis en avant par la récente exposition qui lui a été consacrée à Londres. En plus des pièces d’ores-et-déjà conservées dans des musées, les commissaires sont allées chercher des vêtements et accessoires portés par des anonymes. Ces pièces ont permis de mieux comprendre la place occupée par les collections Mary Quant dans le quotidien des gens : combien les pièces ont-elles coûté ? Où ont-elles été achetées ? A quelle occasion étaient-elles portées ?
Ce qu’il faut retenir
- Mary Quant est une styliste britannique, figure de proue des “Swinging Sixties”.
- Elle est principalement connue pour avoir popularisé la mini-jupe, mais sa contribution à l’histoire de la mode ne s’arrête pas là.
- Ses collections, à l’avant-garde, sont synonymes de libération de la femme, de gaité et de modernité.
- Mary Quant est décédée le 13 avril 2023, à l’âge de 93 ans.
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