Parmi les grands noms de la haute joaillerie, il en est un qui résonne tout particulièrement. Mauboussin. Qui n’a jamais rêvé devant les publicités de bijoux de luxe aux pierres précieuses et aux lignes sensuelles ? Autrefois expression d’une domination sociale, ils sont maintenant celle de l’amour du beau et du raffiné. De la rue Greneta jusqu’à la prestigieuse Place Vendôme, zoom sur la success-story de la maison Mauboussin, fleuron de la haute joaillerie française depuis deux siècles.
Mauboussin, une affaire de famille
Il était une fois, un joaillier du nom de Rocher, qui installa son atelier rue Greneta à Paris. Non loin de la porte Saint-Martin, c’était alors un quartier sans prétention. Et comme dans tout bon conte de fées, c’est pourtant ici que démarre la fabuleuse histoire de la maison Mauboussin.
Près de 40 ans plus tard, c’est son collaborateur, Jean Baptiste Noury, qui reprend les rênes de l’affaire. Il engagera son neveu, Georges Mauboussin, comme apprenti avant de lui céder sa place en 1883. En 1922, l’établissement devient la Maison Mauboussin. De fils en cousins, le patrimoine restera dans la famille jusqu’au début des années 2000. Une véritable gageure, à l’heure où grand nombre de maisons familiales ont été reprises par de grands groupes.
Ce n’est qu’en 2002 que la célèbre maison de haute joaillerie passe aux commandes d’un financier suisse qui en confie la direction à Alain Nemarq, le PDG actuel.
Maison Mauboussin, une success-story à la française
En deux siècles d’histoire, Mauboussin s’est distingué par son audace autant que par sa persévérance. Lancée dans une France troublée, la célèbre maison a fait face aux aléas politiques et sociaux autant qu’à une concurrence prestigieuse.
À l’aube du vingtième siècle, la bourgeoisie française s’est enrichie et dans le même temps, la découverte des mines de diamants de Kimberley fait baisser le prix de ce matériau prestigieux. L’heure est au succès pour Mauboussin, mais la concurrence est rude, tant du côté des grands noms de la haute joaillerie (Falize, Massin, Wièze) que des nouveaux venus dans le monde des bijoux de luxe, tels que Cartier ou Boucheron.
L’histoire de Mauboussin, c’est celle d’une véritable success-story à la française. En 1928, elle ouvre des succursales à Buenos Aires, à New York et à Londres, qui devront être fermées suite à la crise de 1929. C’est grâce aux commandes (parmi lesquelles figurent les plus belles pierres précieuses du monde) de la famille du sultan du Brunei que la maison de haute joaillerie fera face à cette période.
À l’aube des années 40, elle tisse des liens avec la maison new-yorkaise Trabert & Hoeffer. Trabert & Hoeffer-Mauboussin Inc. et ouvre des succursales sur tout le territoire américain. De grands noms d’Hollywood comme Marlène Dietrich, Paulette Godard ou encore Audrey Hepburn se font les ambassadrices des bijoux de luxe.
Dans les années 80, en parallèle de la création du comité Vendôme, la maison Mauboussin est à l’initiative de la création de la « Haute Joaillerie de France », et promeut ainsi les créations et le savoir-faire français à l’étranger.
Dans les années 90, Mauboussin s’ouvre sur l’Asie, tandis que ses bijoux sont plus minimalistes dans leur forme tout en arborant des pierres précieuses aux couleurs audacieuses.
En 1994, Mauboussin le joaillier devient horloger en alliant le savoir-faire suisse à la créativité française. Sa gamme de montres est variée, des modèles sportifs aux ornements élégants de soirée, avec, toujours la mise à l’honneur des matières nobles.
En 1997, la Maison Mauboussin fait face à un nouveau coup dur avec la perte du contrat avec le sultan du Brunei. Mais une fois de plus, rien n’arrête le succès, et la maison rebondit en créant des collections ancrées dans l’air du temps, pour élargir sa clientèle, comme les iconiques « Chance of Love » ou encore « Etoile Divine » à partir de 2500 euros en boutiques ou à moindre prix pour une bague mauboussin occasion.
Grâce à son talent et à ses capacités d’adaptation, la Maison Mauboussin a reçu de nombreuses récompenses. Georges Mauboussin a même reçu en son temps la Légion d’honneur, pour ses succès aux expositions internationales.
Mauboussin, un joaillier qui vit avec son temps
De l’inspiration romantique de la fin du 19e siècle à la démocratisation des bijoux de luxe initiée par son dernier dirigeant en date, la maison Mauboussin n’a jamais cessé de s’adapter.
Au fil des époques, des modes, des contraintes et des découvertes, elle n’a eu pour unique but que de répondre aux attentes des femmes. De la décadence cosmopolite des années folles à la création de bijoux en série en passant par le retour à la terre des années 68, Mauboussin est en perpétuelle conquête du monde. Toujours à l’avant-garde de la haute joaillerie, dans le choix des matières nobles comme dans celui de sa clientèle, la marque fait rêver les femmes du monde entier.
Elle a d’ailleurs toujours habilement su utiliser les médias pour se faire connaître. À travers les plus grands magazines de mode, comme Vogue, où le prix s’affiche sur les publicités, dans une volonté farouche d’assumer le prix du luxe.
Rendre accessible sans totalement démocratiser, c’est un challenge de taille, relevé en alliant l’éphémère et l’éternel. En 2021, la couronne de Miss France est signée du grand joaillier, signe s’il en fallait d’une volonté de rendre la haute joaillerie plus humaine, et moins hiératique.
La Maison Mauboussin, une histoire d’amour avec les femmes
Alain Nemarq, le dirigeant de Mauboussin, dit de la marque qu’elle est le « maître de cérémonie de l’amour ». C’est en effet ce qui ressort de la fabuleuse histoire de cette maison, qui aime les femmes autant que les matières nobles. Et qui a su remarquablement conjuguer les deux, à grand renfort de pierres précieuses !
